Georges, Charles, Brumm naît le 24 janvier 1903 à Rheinsbischofsheim, au nord-est de Strasbourg, de l’autre côté du Rhin (Allemagne), fils de Georges Brumm et de Barbe Bauerte. Alsacien, il est de nationalité française « par réintégration » (traité de paix de 1919). Il parle allemand.
Le 20 févier 1926, à Montreuil-sous-Bois [1] (Seine / Seine-Saint-Denis), il se marie avec Elisabeth Bolla, né le 9 octobre 1904 à Burgel (Bas-Rhin). Ils auront un garçon (à vérifier…).
Du 21 février 1928 au 1er septembre 1939, Georges Brumm est ajusteur-outilleur à la Maison Ratti, sis au 25, rue de Vincennes à Montreuil. Il y est délégué du personnel. Ami personnel de Jacques Duclos, député communiste de la circonscription, il accompagne celui-ci dans son entreprise lors des mouvements de grève de 1936 pour le mettre en rapport avec son patron.
À partir de 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, il est domicilié au 58 bis, rue de Paris à Montreuil.
Il est membre du Parti communiste.
Après la déclaration de guerre, l’entreprise qui l’employait ayant été fermée, Georges Brumm est placé en affectation spéciale au titre des Établissements Levasseur, sis au 17, place Félix-Faure, à Paris 15e.
Le 19 octobre 1940, il est arrêté à son domicile par les services du commissariat de police de la circonscription de Montreuil suite à une distribution de tracts communistes avec au moins quatre autres militants de la commune, dont Alfred Chapat et Georges Gallot (ce dernier étant rapidement relaxé).
Dès le lendemain, inculpé d’infraction aux articles 1 et 4 du décret-loi du 26 septembre 1939 (« reconstitution de ligue dissoute »), Georges Brumm est conduit à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e.
- Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)
Le 23 octobre, il fait partie des quatre hommes qui comparaissent devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. Georges Brumm est condamné à huit mois de prison comme deux de ses co-accusés, tandis qu’Alfred Chapat est condamné à dix mois. Le jour même, Georges Brumm est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e.
Le 5 novembre, Georges Brumm est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes [1] (Seine / Val-de-Marne). Dix jours plus tard, le 15 novembre, il est transféré à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).
À l’expiration de sa peine, Georges Brumm n’est pas libéré. Le 22 avril 1941, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.
Le 28 avril, Georges Brumm fait partie d’un petit groupe de huit militants communistes de la Seine conduits au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.
Le 6 septembre 1941, Georges Brumm est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci. Alfred Chapat l’y rejoint en novembre.
Le 22 mai 1942, Georges Brumm fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Brumm est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Georges Brumm est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45306 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).
Après l’enregistrement, la plupart des 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire sur leur état civil et leur profession, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Georges Brumm est dans la moitié du convoi qui est ramenée à Auschwitz-I après l’appel du soir.
Assigné au Block 15a, il est affecté à la serrurerie (Schlossereï) avec, entre autres, Raymond Montégut.
Georges Brumm fait partie du groupe français de Résistance dès sa création en décembre 1942 comme en témoigne Roger Abada qui en fut l’un des trois responsables.
Le 15 décembre, Georges Brumm est inscrit à l’ “hôpital” (Block 21, “chirurgie”).
En février 1943, il échappe à une sélection des « inaptes au travail » pour la chambre à gaz en même temps qu’Abel Buisson qui se trouvait avec lui au Block 21.
Le 4 juillet 1943, comme les autres “politiques” français (essentiellement des “45000” rescapés), Georges Brumm reçoit l’autorisation d’écrire (en allemand et sous la censure) à sa famille et d’annoncer qu’il peut recevoir des colis. La bonne connaissance de l’allemand de Georges Brumm lui permet de rédiger la correspondance de plusieurs de ses camarades.
À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11. Ceux-ci sont exemptés de travail et d’appel extérieur, mais témoins des exécutions massives de résistants, d’otages et de détenus dans la cour mitoyenne. Avec une dizaine de “45000”, Georges Brumm se trouve pendant un temps dans une chambrée de détenus “libérables”.
Le 12 décembre 1943, suite à la visite d’inspection du nouveau chef de camp, le SS-ObersturmbannführerArthur Liebehenschel – qui découvre leur présence -, et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de “récupérer”, la plupart des “45000” sont renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine. Le lendemain, Georges Brumm est assigné au Block 15A, celui des serruriers.
Le 30 août, Georges Brumm est de nouveau inscrit au Block de chirurgie de l’ “hôpital” (n° 21).
Le 7 septembre 1944 , il est dans le petit groupe de trente “45000” transférés – dans un wagon de voyageurs ! – au KL [2] Gross-Rosen, dans la région de Wroclaw ; matricule 40980.
Le 10 février 1945, il est parmi les dix-huit “45000” transférés à Hersbrück, Kommando du KL Flossenbürg (n° 84363).
Le 8 avril, avec les mêmes camarades, il est intégré dans une colonne de détenus évacués à marche forcée vers le KL Dachau.
En cours de route, il réussit à se dissimuler dans un fossé, au bord de la route, en compagnie d’un détenu soviétique. Il rejoint l’armée américaine dans la région de Munich (localité de Petershausen). Là, il rencontre des prisonniers de guerre français et des ouvriers du STO (“service du travail obligatoire”) avec lesquels il est rapatrié, le 24 mai 1945, via Forbach et Charleville.
À Montreuil, Georges Brumm reprend ses activités et, chaque dimanche, retrouve sur le marché Abel Buisson qui le « considère comme un frère ».
Il est homologué comme “Déporté politique” en 1955.
Georges Brumm décède le 12 janvier 1986, à la maison de retraite du château de Lormoy, à Longpont-sur-Orge (Essonne).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 163, 179, 190, 246, 350 et 351, 358, 385 et 397.
Cl. Cardon-Hamet, notice in 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, pages 22 et 23, citant : le récit de sa déportation à Roger Arnould (le 15 février 1973) – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
Raymond Montégut, Arbeit macht Frei, Éditions du Paroi (imprimeur), juin 1973, Recloses, 77-Ury, 349 p., pages 137, 149-150, 169, 311.
Archives nationales ; correspondance de la Chancellerie sur des procès pour propagande et activité communistes, BB18 7035, (2BL 2047).
Archives de Paris ; rôle du greffe du tribunal correctionnel de la Seine (D1u6 5849).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande” : camps d’internement… (BA 2374) ; liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; dossier des RG (77w1637), n° 75448.
Archives Départementales du Val-de-Marne, Créteil ; prison de Fresnes, répertoire de registres d’écrou, hommes de 1940 à 1941 (2Y5 43) ; maison d’arrêt, registre d’écrou 148 (2742w 15), n° 4123 ; détenus libérés le 22-4-41 (511W 13).
Mémorial de la Shoah, Paris ; archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 40.
Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (APMO), Oświęcim, Pologne ; Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; relevé effectué dans les archives (01-2009).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 23-10-2015)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Montreuil-sous-Bois et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
[2] KL : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilise l’abréviation “KZ”.