Henri Delamotte naît le 13 avril 1895 à Paris 12e, à la maternité de l’hôpital Saint-Antoine, sis au 184 rue du faubourg-Saint-Antoine, fils de Félicie Delamotte, trente-deux ans, papetière, elle-même domiciliée au 14 bis, cité ou passage Guénot (Paris 11e), et de « père non dénommé ».
Abandonné par sa mère à neuf ans, à l’hospice de Paris au 36, rue Fessard (Paris 19e), Henri Delamotte est pris en charge par l’Assistance publique (pupille).
En 1914, il est cultivateur à Livron (Drôme), au confluent de la Drôme et du Rhône, à 20 km au sud de Valence.
Le 15 décembre 1914, Henri Delamotte est appelé à l’activité militaire et rejoint le 14e bataillon de chasseurs à pied ; où il est peut-être affecté en raison de sa petite taille (1 m 56). Le 17 février 1915, il passe au 114e bataillon de chasseurs alpins qui vient d’être créé. Le 30 mars suivant, il part « aux armées » (sur le front). Le 22 juillet 1915, son unité participe à la tentative de prise de la crête du Barrenkopf, sous le sommet du Linge, surplombant la plaine de Munster (Haut-Rhin) et défendue par un ennemi puissamment organisé ; le bataillon y perd la moitié de ses effectifs. Le 22 juin 1916, devant Verdun, lors d’une contre-attaque autour de la crête de Thiaumont-Froide-Terre, Henri Delamotte est blessé par des éclats d’obus à l’épaule droite et à la cheville gauche, avec fracture malléolaire (cette semaine de combat coûte au bataillon 2 officiers et 60 hommes tués, 4 officiers et 562 chasseurs blessés ou disparus). Henri Delamotte rentre au dépôt le 11 novembre. Il rejoint « les armées » le 1er février 1917, le 114e BCA étant dans le secteur de la Fontenelle, dans les Vosges (?).
Le 1er novembre 1917, Henri Delamotte est envoyé en Italie avec le 51e bataillon de chasseurs alpins, au sein de la 47e division française qui va soutenir les armées italiennes après la défaite de Caporetto. Le 30 décembre suivant, lors de l’offensive menée pour reprendre les sommets des monts Tomba et Monfenera, au-dessus de la rivière Piave, Henri Delamotte se conduit « très bien » : « parvenu à la tranchée ennemie, s’est porté au secours de son sergent entouré d’un groupe d’ennemis ». Cela lui vaut d’être cité à l’ordre du 51e BCA le 13 janvier 1918, et de recevoir la Croix de guerre avec étoile de bronze.
Les 11 et 12 avril, la 47e division rentre en France par le train. Le 21 juillet suivant, lors de la contre-offensive de la deuxième bataille de la Marne, progressant dans le secteur de Sommelans (Aisne), entre Château-Thierry et Soissons, Henri Delamotte est blessé au bras gauche par un éclat d’obus, probablement à la suite d’un tir mal ajusté de l’artillerie française. Cette blessure semble être légère : il rejoint son bataillon un mois plus tard, le 24 août. Le 21 janvier 1919, il passe au 7e régiment territorial d’infanterie. Le 27 juin, il passe au 11e bataillon de chasseurs. Le 21 août, il passe au 12e BCP. Le 18 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation, titulaire d’un certificat de bonne conduite, et se retire à Paris, au 21, passage Maurel dans le 5e arrondissement, ou passage Mauve dans le 11e.
Le 15 novembre 1919, à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne – 89), Henri Delamotte, alors chaudronnier et domicilié au 8, passage Courtois à Paris 11e, se marie avec Suzanne Montillon, née le 26 novembre 1901 à Charmoy (89), 17 ans, domestique domiciliée au lieu-dit les Licaults. Leur premier enfant, Roger, naît à Paris 11e le 28 ou 29 février 1921 (décédé le 12 avril 1941). En 1923, la famille est installée à Villeneuve-sur-Yonne, où leur deuxième fils, Georges, naît le 5 mai. En avril 1925, ils demeurent au lieu-dit Champoury, commune de Sépeaux (89), le père de famille travaillant comme bûcheron pour Georges Moreau, marchand de bois et aubergiste à Précy-sur-Vrin. En septembre 1926, ils habitent à Cravant (89). Le 23 mai 1930, leur troisième fils, Marcel, naît à Loury (Loiret – 45).
En mars 1936, la famille est installée au 17 bis, rue Hatton à Orléans (45), y restant au moins jusqu’en avril 1938. Lors du recensement de population 1936, Henri Delamotte se déclare comme charpentier, probablement charpentier en béton armé.
En juin 1935, Henri Delamotte est gérant de l’hebdomadaire communiste de l’Orléanais Le Travailleur, imprimé rue du Réservoir. À ce titre, il subit plusieurs condamnations pour « injures et diffamations » publiées dans le journal.
Il travaille pour l’entreprise Guyot-Pelletier comme charpentier sur les chantiers du camp d’aviation militaire d’Orléans-Bricy.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au lieu-dit Charmoy sur la commune d’Ormes, à 8 kilomètres au nord-ouest d’Orléans.
Sous l’Occupation, il travaille toujours sur les chantiers du camp d’aviation militaire de Bricy, aérodrome alors réquisitionné par la Luftwaffe (l’armée de l’air allemande), jusqu’à ce que l’entreprise Guyot-Pelletier manque de travail, le 30 mai 1941. Puis, considéré comme un bon ouvrier, il est embauché sur les mêmes chantiers, mais pour le compte de l’entreprise Bollard.
Selon certains témoignages ultérieurs, Henri Delamotte reste actif au sein du Parti communiste clandestin, ou du Front national [1], notamment en diffusant des tracts. Mais, « très bavard », il se fait remarquer en proclamant « ses convictions communistes au cours de ses conversations et de ses stations fréquentes dans les cafés d’Ormes ».
Le 21 mai 1941, dans son rapport hebdomadaire sur le communisme en France, transmit à l’Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheithauptamt – RSHA) à Berlin, le service (Amt) IV A 1 de la Gestapo de Paris rend compte : « Environ 4000 travailleurs de diverses nationalités, mais essentiellement des Espagnols et des Italiens, sont employés depuis quelque temps sur l’aérodrome militaire de Bricy, à 20 km d’Orléans. Parmi eux se trouveraient de nombreux anciens combattants de l’Espagne rouge et des antifascistes. Selon toute apparence, il n’y a pas encore eu jusqu’à aujourd’hui de contrôle de ces personnes. Nombre d’entre elles n’auraient même pas le moindre papier d’identité. Une enquête confidentielle a révélé qu’une intense propagande orale communiste est menée parmi ces travailleurs et qu’à plusieurs reprises des tracts communistes ont circulé. La police française d’Orléans a été invitée à mettre rapidement en œuvre des mesures pour empêcher la propagande communiste et à mettre fin à cette situation impossible. »
Le 4 juillet 1941, à 8 heures 30, Henri Delamotte est arrêté sur son lieu de travail par la Feldgendarmerie, puis ramené à son domicile, où se trouve son épouse, pour une perquisition qui ne donne aucun résultat. Il est ensuite conduit à Orléans, probablement à la prison militaire du 14, rue Eugène-Vignat), réquisitionnée par l’armée d’occupation, puis il est finalement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1279 et assigné au bâtiment A4. Il y est détenu pendant presque un an.
Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Delamotte est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
La dernière lettre que Suzanne Delamotte reçoit de son mari est datée du 29 juin.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Henri Delamotte est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46321 selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Henri Delamotte se déclare alors comme charpentier (Zimmermann) et protestant (Evangelist). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Henri Delamotte.
Il meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des inaptes au travail à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [2]). La cause mensongère mentionnée pour sa mort est « pleurésie » (Rippenfellentzündung).
En juillet, Suzanne Delamotte a reçu de l’administration militaire du Frontstalag 122 une carte-formulaire en allemand – datée du 14 – indiquant que « (…) le détenu Delamotte Henri a été transféré dans un autre camp pour travailler. Le lieu de destination ne nous est pas connu, de sorte que vous devez attendre des nouvelles ultérieures… » Le 23 octobre, Suzanne Delamotte écrit au préfet du Loiret : « … Je suis restée depuis sans nouvelles. Comme je commence à m’inquiéter de ne plus rien recevoir, je viens vous prier, Monsieur le Préfet, de vouloir bien intervenir auprès des autorités d’occupation afin de permettre à mon mari et à moi-même d’échanger quelques lignes de correspondance, ce qui calmerait un peu mon angoisse, ainsi que mon petit garçon âgé de 11 ans [qui] réclame son papa. » Le 12 novembre, le préfet écrit au commandant du SD (Sicherheitspolizei – Gestapo) d’Orléans pour lui demander « de bien vouloir envisager la possibilité de faire connaître à Madame Delamotte le camp sur lequel son mari aurait été dirigé. » Le 15 décembre, un SS-Hauptsturmführer répond au préfet que le « détenu communiste… a été transféré dans un autre camp allemand » [sic]. Le 7 janvier 1942, le préfet répond à la demande de Madame Delamotte : « Comme suite à votre lettre me demandant des renseignements sur le camp où se trouve actuellement votre mari, j’ai l’honneur de vous faire connaître que [celui-ci] ayant été arrêté par les Autorités d’Occupation, je n’ai en ma possession aucun élément me permettant de déterminer le lieu où il se trouve actuellement. »
Le 28 mars 1943, Suzanne Delamotte écrit au « chef de la Délégation » générale du gouvernement français dans les territoires occupés, « par l’intermédiaire de Monsieur l’Ambassadeur de France, Monsieur Scapini », afin que soit demandé aux autorités allemandes la possibilité pour elle de correspondre avec son mari « qui est prisonnier civil ». Le 20 avril, la Délégation générale transmet la demande au préfet du Loiret, « en vous priant de bien vouloir intervenir dans la mesure où vous le jugerez opportun en faveur de l’intéressé auprès des Autorités d’occupation et de me communiquer les résultats de vos démarches. » Une semaine plus tard, le préfet délégué du Loiret demande l’avis du commissaire spécial de police d’Orléans. Le 1er mai, un inspecteur des Renseignements généraux transmet à celui-ci son rapport d’enquête : « Sa famille est dans le dénuement le plus complet. Delamotte a des dettes, parmi lesquelles des termes non réglés, et des dommages et intérêts dus à des particuliers à la suite de jugements pour injures parues dans le journal dont il était le gérant. Eu égard à cette situation et à ses états de services militaires, il semble qu’une mesure de clémence pourrait être demandée en sa faveur. Cependant, dans le cas d’une libération, le maire d’Ormes émet un avis défavorable à son retour dans sa commune, où, avec quelques jeunes gens – dont deux, Gaullier et Pinault, ont également été arrêtés par les autorités d’occupation – Delamotte avait une mauvaise influence. » Avant de transmettre ce rapport au cabinet du préfet, le commissaire principal y inscrit en marge un « avis défavorable ». Néanmoins, le 10 mai, le préfet informe le Délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés qu’il est « intervenu auprès de la Feldkommandantur d’Orléans pour demander qu’une mesure de bienveillance soit prise en faveur de l’intéressé. » Le 20 mai, le commandant de l’antenne de la Gestapo auprès de la Feldkommandantur (Sicherheitspolizei II Pol – PA 661/43) répond laconiquement : « … rien ne peut être fait d’ici [à l’échelon local] pour la libération de Delamotte ».
Dans cette période (avril 1943), son fils Georges, 20 ans, travaille au camp d’aviation de Bricy, tandis que le plus jeune, Marcel, 13 ans, fréquente toujours l’école.
Le 31 août 1945, André Gaullier, d’Ormes, rescapé du convoi, signe une attestation dans laquelle il déclare avoir connu Henri Delamotte « au camp d’Auschwitz » et que celui-ci y est décédé « vers novembre 1942 » ; absence de précision qui semble indiquer qu’André Gaullier n’a pas été le témoin direct de sa mort…
Le 27 janvier 1947, Suzanne Delamotte complète un formulaire du ministère des ACVG pour demander à nouveau l’inscription de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès d’un déporté politique.
Le 25 septembre suivant, Suzanne Delamotte complète un formulaire de l’Office départemental des mutilés, combattants, victimes de la guerre et pupilles de la Nation du Loiret pour demander l’inscription de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès d’un civil déporté en Allemagne, en produisant comme pièce justificative l’attestation d’André Gaullier. Mais sa demande ne peut être satisfaite… puisque aucun acte de décès officiel n’a alors été établi.
Le 18 avril 1946, l’ancien chef d’équipe d’Henri Delamotte dans l’entreprise Bollard rédige une attestation certifiant que celui-ci était sous ses ordres quand celui-ci a été arrêté « par la Gestapo » ; arrestation corroborée en termes identiques par le témoignage d’un ouvrier travaillant à Bricy pour la Compagnie française du Bâtiment.
Le 10 octobre 1946, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) dresse l’acte de décès officiel d’Henri Delamotte « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour », en reprenant la date portée sur le Sterbebücher (probablement en se fondant sur la Liste officielle n° 3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée par le ministère le 26 septembre 1946). Le même jour, le service demande par courrier au maire d’Ormes de transcrire cet acte dans les registres de sa commune.
Le 27 janvier 1947, Suzanne Delamotte complète un formulaire du ministère des ACVG pour demander à nouveau l’inscription de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès d’un déporté politique.
Le nom d’Henri Delamotte est inscrit sur le Monument aux morts d’Ormes, situé sur la place de la Mairie.
Le 12 décembre 1947, Louis Péron, responsable du Front national du Loiret pendant la clandestinité (vérifier les dates !), rédige une attestation par laquelle il certifie qu’Henri Delamotte fut membre de son organisation dans le département dès sa constitution : « Son premier rôle fut le regroupement des personnes manifestant des opinions anti-allemandes, créant ainsi les noyaux de notre mouvement. Il leur distribuait le matériel de propagande, tracts, brochures, appelant à la lutte contre l’oppresseur. »
Le 25 janvier 1951, Suzanne Delamotte complète et signe un formulaire du ministère des ACVG pour demander l’attribution du titre de Déporté Résistant (DR) à son mari à titre posthume. Le 14 janvier 1953, la Commission départementale des internés et déportés de la résistance (DIR) « estimant qu’à la date de |’arrestation les groupes constitués ne pouvaient pas être des groupes de résistance et que les tracts et journaux distribués ne pouvaient émaner d’une organisation de résistance reconnue par l’autorité militaire comme le prévoit l’article 2 du décret du 25 mars 1949, émet un avis défavorable. » Le 22 janvier 1954, la commission nationale DIR reprend cet avis, suivie par le ministère qui prononce le rejet. De manière alors automatique (instruction n° 1110 SDF du 1er avril 1953), le dossier est soumis à l’avis de la Commission départementale de contrôle des déportés politiques. Son secrétaire, Louis Breton – qui y appose le tampon de la Fédération nationale des internés et déportés patriotes (FNDIRP) du Loiret -, rend un avis favorable : « Ce camarade travaillait dans l’organisation du parti communiste et effectuait des sabotages et distributions de mots d’ordre anti-allemands ». Le 15 février, le ministère établi l’acte portant la décision de refus du titre de DR (« Il résulte du dossier que l’intéressé ne remplit pas les conditions exigées par les dispositions combinées des articles R.286 & R.287 du Code des pensions »). Le 27 mars suivant, l’administration envoie la carte de Déporté politique n° 1110.09749 à sa veuve, en qualité de conjointe.
Suzanne Delamotte décède à Orléans le 22 janvier 1963, âgée de 62 ans.
La mention “Mort en déportation” est apposée en marge de l’acte de décès d’Henri Delamotte (J.O. du 10-03-1988).
Notes :
[1] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).
[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.
[3] Louis Breton, né le 15 avril 1914 à Orléans (45), est déporté dans le transport de 1218 hommes parti de Compiègne le 22 mars 1944, et arrivé trois jours plus tard au KL Mauthausen (comptant 640 décédés et disparus en déportation, soit 52,5 %). Premier convoi de l’année 1944 vers ce camp, il répond alors certainement à un besoin de main-d’oeuvre accru des usines dépendant du complexe de Mauthausen pour soutenir l’effort de guerre allemand. Enregistré sous le matricule n° 59645, Louis Breton est ensuite affecté au Kommando souterrain de Loibl Pass, tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie, où il est libéré le 7 mai 1945 par les partisans de Tito. Rescapé, il obtient après guerre la carte de Déporté résistant, la Croix de guerre, la Médaille militaire et est fait chevalier de la Légion d’honneur (source : Guillaume Quesnée, convoi I.191, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression…, 1940-1945, éditions Tirésias, Paris 2004, tome 3, pages 268-269 et 276).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 365 et 401.
La Gestapo contre le Parti communiste, rapport sur l’activité du PCF, décembre 1940-juin 1941, messidor-éditions sociales, collection problèmes-histoire, Paris, novembre 1984, p. 89.
Archives de Paris, site internet, archives en ligne : extrait du registre des naissances du 12e arrondissement à la date du 14-04-1895 (V4E 9363), acte n° 1015 (vue 19/31).
Archives départementales de la Drome, site internet, archives en ligne : registres matricules du recrutement militaire, classe 1915, volume 1-500 (1 R 329), n° 93 (vue 187/1024).
Archives départementales du Loiret (AD 45), Centre des archives modernes et contemporaines, cité administrative Coligny, Orléans : Civils condamnés par les autorités d’occupation, 1941-1944, de A à L (109 W-20807) ; Internement administratif, listes, dossiers (138 W-25857).
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article108881 : notice DELAMOTTE Henri, dernière modification le 24 novembre 2010.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 218 (31881/1942) ; son nom est orthographié « Delamatte ».
Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, DMPA, Caen : dossier individuel (21 P 441-817).
Site Mémorial GenWeb, 45-Ormes, relevé de Stéphane Protois (11-2005).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 15-04-2020)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.