Israël, Meyer, Kupferman naît le 25 mai 1904 à Tarnow (Pologne).
Le 14 novembre 1930, il arrive en France.
Vers 1933, il épouse Frania Rothblum-Propper, née le 1er juin 1905 à Cracovie (Pologne).
Ils ont un fils, Alfred, dit Fred, né le 25 janvier 1934 à Paris 11e.
Israël Kupferman travaille comme ingénieur des Travaux publics (diplômé des Ponts-et-Chaussées ?).
Pendant la guerre d’Espagne, Israël Kupferman part combattre dans les rangs des républicains en lutte contre la rébellion du général Franco, soutenue par Hitler et Mussolini.
Il existe une incertitude sur son domicile durant la guerre : à Auschwitz, il sera enregistré comme domicilié au 36, rue Monge à Paris 5e.
Mais, dans cette période, la famille habite également au 3, rue Jean-Sicard à Paris 15e, un immeuble récent à l’angle du boulevard Lefebvre ; peut-être une planque fournie par la Résistance afin d’y installer un matériel permettant d’imprimer des affichettes (c’est à cette adresse que la famille vivra après la guerre).
Le couple est actif dans un réseau de Résistance aux côtés de Marguerite Camplan, dite “Peggy”, Simone Chaye, Sacha Segal (physicien enseignant au Collège de France) et son épouse, Tedy Segal [1] (oenologue). Le responsable de leur groupe pour l’ouest de Paris est Laborde.
Le 14 mai 1941, Israël Kupferman est arrêté. Il fait probablement partie des milliers de juifs étrangers résidant à Paris convoqués par la police française pour être aussitôt arrêtés (rafle dite “du billet vert” [2]) et dirigés vers les camps français de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (tous deux dans le Loiret) ; Israël Kupferman est interné au camp de Pithiviers.
Le 6 juin 1942, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre la fin avril et la fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). D’après la liste reconstituée du convoi, Israël Kupferman est sélectionné comme otage juif.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Israël Kupferman est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46291 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Israël Kupferman est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
En effet, à une date restant à préciser, il est admis au Block 28, chambrée 7, de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.
Israël Kupferman meurt à Auschwitz le 4 août 1942, selon plusieurs registres tenus par l’administration SS du camp
Son épouse reste active dans la Résistance sous le pseudonyme de “Claude François”.
Pendant cette période, son fils, Fred, vit caché dans une école catholique de Montmorency dirigée par Mademoiselle Massard, qui héberge d’autres enfants juifs.
Israël Kupferman est homologué comme “Déporté politique”. Par arrêté du ministre des anciens combattants et victimes de guerre en date du 13 mars 1995, il est décidé d’apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès (J.O. du 26-04-1995).
- Le Mémorial de la Shoah, au 17 rue Geoffroy-l’Asnier à Paris 4e.
À gauche, panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés
depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942
y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.
- Inscrit sur le Mur des noms…
Dès 1945, Claude François-Unger (“Madame François”) fonde avec Mesdames Chaille et Camplan la Maison du Renouveau, à Montmorency, dont elle prend la direction et qui accueille des enfants juifs victimes de la guerre. Écrivain et pédagogue hors du commun, elle fait de son établissement éducatif, devenu un centre d’éducation pour adolescents inadaptés (Le Renouveau), une petite république d’enfants dans une démarche similaire à celle de Janusz Korczak, qu’elle défend avec passion à la fin de sa vie (Présidente de l’association en France) ; à l’occasion d’un anniversaire, les enfants et l’équipe lui offrent une représentation du Roi Mathias, de J. Korcszak. Membre du Bureau national du Groupe français d’éducation nouvelle (GFEN – lié au plan Langevin-Wallon), elle est notamment l’auteur deL’adolescent inadapté (1957 – PUF « Pédagogie d’aujourd’hui », 1974).
Décédée en 1992, elle est enterrée à Montmorency, dont elle a été nommée Citoyenne d’honneur.
Devenu historien, enseignant à la Sorbonne et à “Sciences Po”, son fils, Fred Kupferman est l’auteur de plusieurs livres et articles. Il passe des années à écrire une biographie de Pierre Laval, un homme « qui ne l’aimait pas » (…en tant qu’enfant juif). Cet ouvrage de référence, dépassionné, paraît en 1987, un an avant le décès de son auteur à cinquante-quatre ans. Sur son lit de mort, l’historien exprime encore le regret de ne pas connaître avec précision (circonstances et dates) le destin de son père, Israël Kupferman.
Son Pierre Laval, préfacé par Henri Rousso, est réédité aux éditions Tallandier en 2006.
Fred Kupferman a également publié : Le complot du télégraphe, avec Sigrid Kupferman, son épouse, Hachette. Au pays des Soviets, le voyage français en Union soviétique, 1917-1939, Gallimard-Julliard, 1979. Les premiers beaux jours, 1944-1946, Calmann-Lévy, Questions d’actualité, Paris, 1985. La nuit des dragons, avec Sigrid Kupferman, et Yves Beaujard (illustration), éditions Hachette Jeunesse, 2002 (réédition). Mata Hari : songes et mensonges, Editions Complexe, 2005 (réédition). Le procès de Vichy : Pucheu, Pétain, Laval (1944-1945), Editions Complexe, 2006 (réédition). Voyage au pays des soviets etLes premiers beaux jours ont été republiés en 2007 aux éditions Tallandier terminant ainsi la réédition complète des œuvres de Fred Kupferman.
Notes :
[1] Sacha et Tedy Segal : après la guerre, ils partiront en République Démocratique Allemande, témoignant ainsi de leur engagement communiste.
[2] Le billet vert : Le 14 mai 1941, les Juifs étrangers sont convoqués individuellement, pour un « examen de situation », dans cinq centres : caserne de Napoléon, caserne des Minimes, rue Edouard-Pailleron, rue de la Grange aux Belles, gymnase Japy. La lettre de convocation précise que chacun doit se présenter en personne, accompagné d’un membre de sa famille. « La personne qui ne se présenterait pas aux jours et heures fixés, s’exposerait aux sanctions les plus sévères ». Ceux qui se présentent ne sont pas libérés. L’accompagnateur est chargé de rapporter une valise et un minimum d’effets personnels. 3 710 hommes (2140 selon une autre source) sont ainsi arrêtés et internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, anciens camps de prisonniers de guerre. Parmi eux se trouvent 3430 Juifs polonais, 123 Juifs apatrides et 157 Juifs tchèques. (http://www.camp-de-drancy.asso.fr/f…)
Sources :
Laurent Kupferman, son petit-fils (témoignage, documents : portraits, copie de l’acte d’état-civil du camp d’Auschwitz), septembre-octobre 2006.
Son nom et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60.
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 409.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Liste partielle du convoi établie par le Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (anciennement secrétariat d’État aux Anciens combattants et victimes de guerre).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 672 (18166/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 3-06-2008)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.