Louis, Dieudonné, Lahaie naît le 20 septembre 1900 à Corbeny (Aisne – 02), chez ses parents, Alfred Lahaie, 25 ans, cultivateur, et Julie Menesson, son épouse, 23 ans, manouvrière. Les deux témoins pour l’enregistrement du nouveau-né à l’état civil sont son oncle, Léon Lahaie, 34 ans, manœuvrier, et un voisin cultivateur.
Pendant un temps, Louis Lahaie travaille comme charretier.
Le 17 mars 1920, il est incorporé comme chasseur de 2e classe au 18e bataillon de chasseurs à pied pour accomplir son service militaire. Le 1er octobre, il est embarqué à Bordeaux à destination du Maroc. Le 20 octobre, il passe au 1er régiment de zouaves. Le 16 février 1921, il est nommé caporal. Le 20 mars, il est rapatrié et débarqué à Marseille. Le 1er avril, il est envoyé parmi les troupes d’occupation des pays rhénans. Le 17 mai, il passe au 66e régiment de tirailleurs marocains. Le 19 février 1922, il est envoyé dans la disponibilité, titulaire d’un certificat de bonne conduite.
Pendant un temps, il demeure au 18, quai Lavenne (?), à Melun (Seine-et-Marne – 77). Fin octobre 1922, il déclare habiter à Montaigu, près de Laon (02). En octobre 1924, il est domicilié à Longueville (77). En mars 1925, il est à Chanteloup-en-Brie (77). À partir de janvier 1926, il habite dans la commune voisine, à Jossigny ( 77).
Au moment de son arrestation, il est domicilié rue de Lagny à Jossigny.
Louis Lahaie est « chauffeur » (de camion ou de chaudière ?).
Le dimanche 19 octobre 1941, il est appréhendé à son domicile dans le cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.
Louis Lahaie est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (46 d’entre eux seront des “45000”). Il y est immatriculé sous le n° 1812.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
- Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Louis Lahaie est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45714 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Louis Lahaie.
Il meurt à Auschwitz le 9 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 409.
Archives départementales de l’Aisne (AD02), site internet, archives en ligne : Archives départementales de l’Aisne, site internet du conseil général, archives en ligne ; registre d’état civil de Corbeny N-M-D 1893-1905 (5Mi1720), année 1900, acte n° 46 (vue 198/332) ; registre des matricules militaires, classe 1920, bureau de recrutement de Soissons (22R139), n° 462 (vue 488/836).
Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys, cabinet du préfet : arrestations collectives octobre 1941 (M11409).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 686 (34981/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 9-02-2024)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.