Louis Méresse naît le 3 novembre 1899 à Paris 19e arrondissement, de Charles Méresse, 52 ans, chauffeur, et de Rosine Maquiné, son épouse, 43 ans, domiciliés au 30, rue de l’Ourcq. Il a (au moins) une sœur cadette, Marie, née le 3 août 1902 (décédée en juillet 1983).
Pendant un temps, Louis Méresse habite chez ses parents, alors domiciliés au 150, rue de Flandre (Paris 19e), et travaille comme manœuvre.
De la classe 1919 et du 1er bureau de recrutement de la Seine, la commission de révision de la Seine le classe dans la 5e partie de la liste en 1918 – décision prorogée à deux reprises -, ce qui semble l’exempter d’accomplir son service militaire.
Louis Méresse devient peintre en voitures.
Le 23 décembre 1922 à Paris 19e, Louis Méresse épouse Ermine Jeanne Moruzzi, 19 ans, née le 30 novembre 1903 à Paris 12e, papetière. En septembre 1923, ils habitent chez les parents de celle-ci au 15, passage Wattieaux (Paris 19e). Mais le tribunal civil de la Seine prononce leur divorce le 17 juin 1929.
En 1936, Louis Méresse habite seul au 7 rue Bordier, à Aubervilliers.
Selon sa propre déclaration, il ne milite ni politiquement, ni syndicalement dans la période du Front populaire.
À une date restant à préciser, étant au chômage, il part travailler à Planquignon ? (Orne).
Le 1er décembre 1939, l’armée l’enregistre à Courménil (Orne).
Le 5 juillet 1941 au soir, il est arrêté à son domicile par le police française. Le lendemain, 6 juillet, il est est interné administrativement comme « détenu communiste » à la caserne désaffectée des Tourelles, boulevard Mortier à Paris 20e, “centre surveillé” dépendant de la préfecture de police de Paris. Il est assigné à la chambre 36 du bâtiment A
Le 19 juillet suivant, Louis Méresse écrit au préfet de police pour lui demander « la raison pour laquelle ont et venue m’arrêtez chez moi […] sans nous dire pourquoi […] je n’aspirez qua une chose : travail et tranquillité. Ou vois ton la dedans ou je pouvez militez à Aubervilliers vue que je ny était pas […] Je suis arrivé à l’âge de 42 ans pour me voir emprisonné, moi qui n‘est jamais eu de condamnation de ma vie, avoué que c’est dur quand même. (sic) »
Le 5 mai 1942, Louis Méresse fait partie des 24 internés des Tourelles, dont beaucoup d’anciens Brigadistes, que viennent « prendre des gendarmes allemands » afin de les conduire à la gare du Nord prendre le train de 5 h 50 à destination du camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 - Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Louis Méresse est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45871 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Louis Méresse est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.
Plus tard, il est admis au Block 28 (médecine interne), chambrée 12, de l’hôpital d’Auschwitz [2].
Il meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après les registres du camp ; un mois après son arrivée.
Il est déclaré “Mort pour la France” (9-12-1948).
Son nom est inscrit sur le Monument aux morts d’Aubervilliers, situé dans le cimetière communal.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-07-1995).
Notes :
[2] Aubervilliers : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 384 et 398.
Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 19 arrondissement, année 1899 (V4E 10594), acte n° 2990 (vue 16/31), et année 1902 (V4E 10639), acte 1950 (vue 3/31) pour sa sœur.
Archives de Paris ; registre des matricules militaires, classe 1919, 1er bureau de recrutement de la Seine, volume 1501-2000 (D4R1 2094), Méresse Louis, matricule 2094.
Archives communales d’Aubervilliers : liste électorale de 1939, Pages d’histoire d’Aubervilliers, luttes ouvrières de 1900 à nos jours, brochure éditée par le Comité de ville d’Aubervilliers du PCF.
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”… (BA ?) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 718-26585).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 801 (18794/1042).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Office for information on former prisonniers) : registre de la morgue (microfilm n° 741/195).
Site Mémorial GenWeb, 93-Aubervilliers, relevé d’Alain Claudeville (2000-2002).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 24-05-202)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.