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Higinia Luz (prononcer « Loutch ») Goñi-Ayestaran naît le 11 janvier 1906 à Cirauqui (en espagnol) ou Zirauki (en basque), en Navarre (Espagne), fille aînée de D. Fructuoso Goñi-Urra, cultivateur, et de Doña Natalia Ayestaran-Goicoehea, son épouse. Celle-ci décédera lors de la naissance de sa sœur cadette, Aurelia. Leur père se remarie avec sa belle-sœur, ayant encore sept enfants. Quand elles sont en âge de travailler, les deux filles aînées sont envoyées chez leurs grands-parents à Pampelune afin de se placer comme domestiques.

La mémoire locale a rapporté que Luz – qui a aussi travaillé à Saint-Sébastien – avait alors une réputation de “gauchiste” dans une région essentiellement “carliste” (monarchiste et cléricale).

En 1932, âgée de 26 ans, Luz part tenter sa chance à Paris.

En 1933, elle est logée dans l’hôtel particulier du musicien catalan (pianiste et enseignant à la Schola Cantorum) Joaquín Nin, au 27 rue Henri Heine (Paris 16e), étant entrée au service de la seconde épouse de l’artiste, Maruca.

En septembre 1933, la sœur de Luz, Aurelia, lui rend une visite qui dure trois mois.

En 1934, Luz habite dans un groupe d’immeubles modernes au 3 rue Rodin (Paris 16e) ; comme cuisinière chez un autre employeur ?

Le 10 novembre 1934, à la mairie du 16e arrondissement, Higinia Luz Goñi-Ayestaran, âgée de 28 ans, se marie avec José Martos, mécanicien, 25 ans, né le 5 mars 1909 à Oran (ville et département, en Algérie colonisée et annexée par la France de 1848 à 1962). Leurs témoins sont un coiffeur et une sténo-dactylo, tous deux d’origine espagnole. Luz prend dès lors la nationalité française de son mari.

En 1936, José Martos habite dans le quartier des Grandes Carrières (Paris 18e) et travaille comme ferrailleur.

Le 15 décembre 1936, il part combattre volontairement pour défendre l’Espagne républicaine. À Albacete, il rejoint la 86e brigade mixte comme mitrailleur au 20e bataillon, puis la XIVe Brigade internationale (bataillon La Marseillaise), dont pratiquement tous les membres sont français. José Martos combat d’abord en Andalousie, puis à la bataille de Jarama, et après cette défaite, en Catalogne et en Aragon. La bataille de La Granja marque le début de la fin pour cette brigade ; trois mille hommes y périssent, dont 900 appartenant à la XIVe. En 1938, après que le président Negrin eut ordonné la démobilisation de tous les brigadistes, ils passent la frontière en Catalogne. Au cours de cette période, José Martos fut blessé à l’œil. Il fut nommé lieutenant dans la Garde nationale.

Charlotte Delbo a écrit à propos de Luz : « Au printemps 1939, âgée de 33 ans, elle franchit la frontière, accompagnant la débâcle des armées républicaines en Catalogne. » Accompagnait-elle alors son mari, José ?

Sous l’Occupation, Luz Martos est concierge au 22, rue du Nord, à Paris 18e, entre la rue des Poissonniers et la rue de Clignancourt.

Dans cette période, Roger Ossart, ancien secrétaire à l’état-major des Brigades, rencontre à nouveau José Martos à Paris lorsque celui-ci vient chez lui en compagnie d’une femme nommée Luz. Quelques heures partagées au cours de quatre ou cinq dîners, suffiront à Ossart pour en garder un bon souvenir : « Luz était une femme agréable, affectueuse, toujours prête à aider. Parfois, elle nous apportait du riz et d’autres aliments, ce qui n’était pas très courant à l’époque. »

José Martos – et Luz – intègrent un petit groupe de militants clandestins de leur quartier diffusant de la propagande communiste interdite, sous forme de tracts glissés sous les portes et de “papillons” collés en différents endroits.

Au début de l’hiver 1940, la brigade spéciale anticommuniste (BS1) des Renseignements généraux de la préfecture de police ayant été alertée sur cette diffusion de matériel, deux inspecteurs sont missionnés pour enquêter « aux abords des immeubles H.B.M. situés 34 boulevard Ney (18e) ». Leurs surveillances les amènent probablement à “filer” le jeune André Lignard (“Mickey”), 19 ans, qui habite chez ses parents dans cette cité ; ex-adhérant des Jeunesses communistes et de la FSGT (Fédération sportive et gymnique du Travail, proche de la CGT), section cross.

Puis les policiers repèrent d’autres militants clandestins dans le quartier Clignancourt…
L’initiateur de ce groupe actif est probablement Jean Bruvry, 35 ans, habitant 48 rue du Nord, chauffeur au chômage, ayant adhéré au PCF en 1935, assisté de la jeune Lucienne Laurens, née Bonnet, 22 ans, domiciliée 47 rue Championnet (18e), ancienne adhérente des Jeunes Filles de France et de la FSGT ; André Lignard s’étant spontanément joint à eux. Puis le groupe s’est élargit aux sœurs Georgette et Paulette Bouchoux (voir sources), respectivement âgées de 19 ans et 18 ans, rencontrées à la FSGT, domiciliées chez leurs parents au 8 rue des Amiraux (18e).
Dès juillet 1940, Jean Bruvry avait sollicité Marie Foquet, 63 ans, couturière sans emploi, ancienne adhérente du PCF, afin que celle-ci accepte que sa petite maison du 28 passage Duhesme (18e) soit mise à disposition comme “boîte aux lettres”, où diffuseurs clandestins viennent entreposer puis reprendre des paquets de tracts. Mais, en octobre suivant, celle-ci refuse d’assumer davantage cette responsabilité.
Le 4 décembre, le commissaire de police du quartier de Clignancourt procède à une perquisition – qui se révèle infructueuse – au domicile de Jean Bruvry après avoir appris que celui-ci avait été remarqué fréquentant régulièrement un couple d’ex-militants, John et Marie Detrée, habitant au 3 rue du Nord (suite à vérifier les concernant…). « Quand au sieur Bruvry (…), il n’a pu être établi qu’il continuait sa propagande. »
Plus tard, Jean Bruvry a trouvé un autre intermédiaire “boîte aux lettres” en la personne du concierge du 29 rue Championnet, âgé de 72 ans.
Le 30 décembre 1940, six personnes arrêtées sont interrogées séparément dans les locaux de la BS1. Parmi les militants venus chercher des tracts à son domicile, Marie Foquet mentionne alors, entre autres, « un italien concierge rue du Nord ». C’est sans doute la raison pour laquelle les inspecteurs ramènent aussitôt dans leur service Ferdinand N. (portant un nom à consonance italienne), domicilié au 2 rue du Nord. Mais, lors de sa confrontation avec lui, Madame Foquet déclare : « Ce Monsieur (en désignant N.) n’est pas l’individu de type italien qui s’est présenté chez moi. »
Le lendemain, poursuivant leur enquête (patronyme “méditerranéen”, concierge…), les mêmes inspecteurs se rendent au domicile du couple Martos, 22 rue du Nord, et n’y trouvent que Luz, qu’ils arrêtent et ramènent à la préfecture pour l’interroger.

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame. Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame.
Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

« À la demande de mon mari, je suis allée il y a deux mois environ chercher un paquet chez la femme Foquet, 28 passage Duhesme ; j’ignorais le contenu de ce paquet. Je me suis bornée à le remettre à mon mari et j’ignore ce qu’il en a fait.
D.- Votre mari est-il allé souvent chez cette femme ?
R.- Je ne sais pas.
D.- Votre mari appartenait-il au Parti communiste ?
R.- Je ne sais pas.
D.- Où est votre mari actuellement ?
R.- Je ne sais pas.
D.- Depuis quand est-il parti ?
R.- Il est parti depuis un peu plus d’un mois et je n’ai pas reçu de nouvelles de lui depuis son départ.
D.- Votre mari recevait-il beaucoup de monde chez vous ?
R.- Je ne sais pas.
Lecture faite, persiste et signe.

Invitée à fournir des précisions sur l’adresse actuelle de son mari, elle déclare qu’il est parti depuis plus d’un mois sans lui dire où il allait, et elle ne connait pas son adresse actuelle.

Conclusions :
Vu ce qui précède,
Attendu que la femme Martos née Goni Luz a servi d’intermédiaire entre la demoiselle Foquet et son mari pour transporter du matériel de propagande destiné à diffuser les mots d’ordre de la IIIe Internationale communiste ou d’organismes s’y rattachant,
L’inculpons d’infraction aux articles 1 et 3  du décret du 26 septembre 1939,
Attendu qu’il n’y a plus flagrant délit et que, d’autre part, elle offre des garanties suffisantes de représentation en justice,
La laissons libre, à charge pour elle de déférer à toute convocation.
Et transmettons le présent à Monsieur le Procureur de la République.
Le Commissaire Principal. »

José Martos est donc considéré comme étant « en fuite » (le motif réel ayant justifié son départ “anticipé” est à vérifier…).

Le 20 mai 1941 – probablement après un premier jugement du Tribunal correctionnel -, la Cour d’appel de Paris (section spéciale ?) condamne Georgette Bouchoux à quatre mois d’emprisonnement, Paulette Bouchoux à six mois [1], André Lignard à huit mois [2], Lucienne Laurens est condamnée à dix-huit mois, Jean Bruvry à deux ans, tous pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Luz Martos a-t-elle été appelée à comparaître dans cette procédure judiciaire ? Bruvry est écroué à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines). Georgette et Paulette Bouchoux sont écrouées à la Maison d’arrêt pour femmes de la Petite-Roquette (Paris 11e).

À partir de la rupture du pacte germano-soviétique et de l’invasion de l’Union Soviétique, le 21 juin 1941, l’armée d’occupation allemande reprend à son compte la répression anticommuniste, utilisant les dossiers déjà constitués par la police française.

L’engagement de José Martos dans les Brigades Internationales (que Luz s’était bien gardé de dévoiler) était-il alors connu des polices française et allemande, pouvant justifier une répercussion à l’encontre de son épouse ?

Le 7 août 1942, Luz Martos est arrêtée par la police allemande (Am 7.8.1942 durch deutsche Polizei festgenommen), comme le mentionneront deux fiches établies au Fort de Romainville ; date également référencée ainsi : « Livrée le 7.8.1942 par l’Uffz. Schüller SD. » (Am 7.8.1942 durch Uffz. Schüller SD eingeliefert). Appréhendée à son domicile, elle est écrouée à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), très probablement “au secret” dans le quartier allemand.

Le 1er octobre 1942, Luz Martos est transférée – en même temps que Jakoba van der Lee (n° 844) – au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (Seine / Seine-Saint-Denis), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122, gardé par la Wehrmacht, où elle est enregistrée sous le matricule n° 841. Sa fiche individuelle du camp (Personalkarte) indique « Livrée le 1.10.1942 à 10 heures par l’Uffz. Möller SD Abt. IV A » (Am 1.10.1942 10.00 Uhr durch Uffz. Möller SD Abt. IV A eingeliefert). Elle y fait inscrire comme personne à contacter (Name und Unschrift ber zu benachrichtigen Person in der Heimat des Kriegsgefangenen / Nom et adresse de la personne à prévenir dans le pays d’origine du prisonnier de guerre) : Mademoiselle Quinca Laurent, domiciliée 6 rue des Martyrs à Paris (9e) ; personne non identifiée… (une amie ?).

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« Femme vive malgré son embonpoint, gaie, très exubérante, elle danse sur les tables pour montrer des pas espagnols, chante, fait rire tout le monde dans les chambrées du fort. » (Ch. Delbo)

Le bâtiment A, vue vers l’intérieur du fort, du côté des cours de promenade clôturées. Photo Mémoire Vive.

Le bâtiment A, vue vers l’intérieur du fort, du côté des cours de promenade clôturées.
Photo Mémoire Vive.

Sur une fiche individuelle du camp (Personalkarte), elle fait inscrire comme personne à contacter (Name und Unschrift ber zu benachrichtigen Person in der Heimat des Kriegsgefangenen / Nom et adresse de la personne à prévenir dans le pays d’origine du prisonnier de guerre) : Mademoiselle Quinca Laurent, domiciliée 6 rue des Martyrs à Paris (9e). Sur une autre fiche est mentionné « Inscription sur la plaque d’identité » (Befchriftung ber Erkennungsmarke) : numéro « HS 594 » (?). L’empreinte digitale qui y est apposée est particulièrement brouillée (?).

Le 22 janvier 1943, Luz Martos fait partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquant « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »).

Le lendemain, un deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention : sept de l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne) et une du dépôt de la préfecture de police. À ce jour, aucun témoignage de rescapée du premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au jour de la déportation… Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne, sur la commune de Margny, et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille – dont Jean Bruvry, transféré à Compiègne le 7 décembre précédent, après avoir été extrait du centre d’internement français de Rouillé (Vienne) [3].  Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).

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En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL [3] Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit.

Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000” (accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…). © Gilbert Lazaroo, février 2005.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000”
(accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…).
© Gilbert Lazaroo, février 2005.

Luz Martos y est peut-être enregistrée sous le matricule 31696, selon une correspondance possible avec l’ordre d’enregistrement au fort de Romainville. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Pendant deux semaines, elles sont en quarantaine au Block n° 14, sans contact avec les autres détenues, donc provisoirement exemptées de travail dans les Kommandos, mais pas de corvée.

Le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie policière allemande : vues de trois-quart, de face et de profil (la photo d’immatriculation de Luz Martos n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz avant l’évacuation du camp en janvier 1945. Réalisé le 3 février 1943, le portrait d’immatriculation de cette détenue a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz avant l’évacuation du camp en janvier 1945.
Réalisé le 3 février 1943, le portrait d’immatriculation de cette détenue a disparu.

Le 12 février, les “31000” sont assignées au Block 26, entassées à mille détenues avec des Polonaises. Les “soupiraux” de leur bâtiment de briques donnent sur la cour du Block 25, le “mouroir” du camp des femmes où sont enfermées leurs compagnes prises à la “course” du 10 février (une sélection punitive). Les “31000” commencent à partir dans les Kommandos de travail.

Le Block 26, en briques, dans le sous-camp B-Ia de Birkenau ; perspective entre les châlits. La partie inférieure, au ras du sol, est aussi une “couchette” où doivent s’entasser huit détenues. Les plus jeunes montent à l’étage supérieur, où il est possible de s’assoir. Photo © Mémoire Vive.

Le Block 26, en briques, dans le sous-camp B-Ia de Birkenau ; perspective entre les châlits.
La partie inférieure, au ras du sol, est aussi une “couchette” où doivent s’entasser huit détenues.
Les plus jeunes montent à l’étage supérieur, où il est possible de s’assoir.
Photo © Mémoire Vive.

Dès l’arrivée à Birkenau, le froid et le paysage de glace ont immédiatement démoralisé Luz Martos. Sachant lire les lignes de la main (chiromancie) et regardant la sienne, elle a dit : « Inutile que j’essaie, inutile que je lutte. Je n’en sortirai pas : c’est dans ma main ». Dès lors, elle n’a plus mangé.

Un jour, au travail aux côtés de Claudine Blateau, elle tombe dans la boue : « Je ne peux plus. Laissez-moi mourir ici. » Un gardien SS oblige ses compagnes à la porter au camp pour l’appel, à la fin du travail, et elle meurt presque aussitôt. Charlotte Delbo et ses compagnes ont daté sa mort du « début février 1943 » ; mais celle-ci est enregistrée le 1er mai 1943, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

En janvier 1945, Roger Ossart retrouve à Marseille José Martos, qui a été nommé lieutenant dans la Résistance. Selon Alberto Barandiaran, celui-ci passerait encore deux années dans la marine française (à quel titre ?).

José Martos décède à Marseille avant 1989, ayant vécu jusqu’à son décès dans le village de La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), entre Aix et Marseille, ex-commune minière, municipalité PCF de 1945 à 2020.

Notes :

[1] Paulette Bouchoux : à l’expiration de sa peine de six mois d’emprisonnement, elle est conduite à la préfecture de police où l’administration décide de son internement administratif. Provisoirement ramenée à la Petite Roquette, elle est détenue ensuite successivement dans les camps français de Châteaubriant, Aincourt, Gaillon, la Lande, Poitiers ; quarante-quatre mois en tout, jusqu’à la Libération.

[2] André Lignard. Le 17 août 1941, à l’expiration de sa peine, il est relaxé. Amené à la préfecture de police, il est libéré le même jour après avoir complété et signé “l’engagement d’usage”, un formulaire dactylographié et polycopié : « Je soussigné X, né à XX le XXX, demeurant XXXX, déclare désapprouver l’action communiste clandestine sous toutes ses formes. Je prends librement l’engagement d’honneur de ne me livrer dans l’avenir, directement ou par personne interposée, à aucune activité communiste. Paris, le XXX (signature) ». Mais, treize mois plus tard, le 24 septembre 1942, André Lignard est interné administrativement en application du décret du 18 novembre 1939 et conduit au camp de Pithiviers (Loiret). Le 11 ou 19 mars 1943, il est remis aux “Autorités allemandes” sur leur demande, pour être dirigé sur l’Allemagne (pour le Service du travail obligatoire ?).

[3] Jean Bruvry, enregistré sous le matricule n° 59362 au KL Sachsenhausen, affecté au Kommando Heinkel, décède le 6 janvier 1944.

[3] KL : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilise l’abréviation “KZ”.

Sources :

– Charlotte Delbo, le convoi du 24 janvier, Éditions de Minuit, édition de 1993, pages 192-193.
– Alberto Barandiaran, journaliste basque, article biographique (“Lutx, Zirauki, 1906 – Auschwitz, 1943”) publié dans la revue Egunkaria en septembre 1995.
– Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais : dossiers de la BS1 des RG, registre des affaires traitées 1940-1941 (GB 29), 31 décembre 1940 (vue 030) ; Affaire Bouchoux, Laurens, Beuvry, Lignard et autres (GB 55, 1100 > 1118) ; Affaire Martos (GB 55).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 784 (19374/1943).
– Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression…, 1940-1945, éditions Tirésias, Paris 2004, I.74, t. 1, p. 579 et 587 pour Luz Martos ; p. 602 pour Jean Bruvry.
– Maitron en ligne, notice MARTOS Georges (sic), https://maitron.fr/spip.php?article120723
– À propos de Paulette Bouchoux, épouse Capliez : https://maitron.fr/spip.php?article138038
– Relecture par Ginette Petiot.

MÉMOIRE VIVE
(dernière modification, le 14-12-2024)

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