- IDENTIFICATION INCERTAINE
- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Marceau, Louis, Rebourg, naît le 3 juin 1920 à Foug, 10 km à l’ouest de Toul (Meurthe-et-Moselle), fils de Julien, Marceau, Rebourg, 22 ans, et de Louise Guillemin, 19 ans, son épouse. Après Marceau – qui est l’aîné – naissent André en 1921, Régine et Roxane en 1923, Marguerite en 1924, tou.te.s à Foug.
En 1926, la famille habite rue Gustave Paul, à Foug ; les parents hébergent également le frère du chef de famille, Désiré Rebourg, né en 1888 à Nancy, également mouleur en fonte à la Fonderie de Foug. Le recensement clôt le 1er avril 1936 indique le n° 9 pour la rue Gustave Paul. La famille s’est alors agrandie de Micha, né en 1930. Marceau (15 ans) est alors mouleur à la fonderie, où son frère André (14 ans) est modeleur.
Au moment de son arrestation, Marceau Rebourg est domicilié au 5, rue Lenglet à Foug.
Il n’appartient à aucune organisation, mais son père, Julien Rebourg, était, avant guerre, secrétaire de l’usine métallurgique PAM (fonderie) de Foug, exerçant des responsabilités au sein de la Fédération des Métaux CGT. Le 15 novembre 1938, au congrès national de la CGT réuni à Nantes, il est un des six délégués de Meurthe-et-Moselle, représentant la fédération des Métaux, avec Charles Jacquet et Joseph Schneider.
Militant communiste, Julien Rebourg est déchu de son mandat de conseiller municipal pour ne par avoir renié son engagement après octobre 1939.
Le 16 juin 1940, il est arrêté avec ses deux fils pour propagande communiste.
Julien Rebourg sera condamné à deux ans de prison en août 1941 (?) pour propagande communiste et écroué à la Maison centrale de Clairvaux.
Ses deux fils, André et Marceau, sont internés au camp de Fanlac, installé dans le château du Sablou [1], canton de Montignac-sur-Vézère (Dordogne), « centre de séjour surveillé pour indésirables français ».
Fin décembre 1940, ils sont parmi les 228 “Sablousards” transférés au camps de Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges (Haute-Vienne).
Le 25 février 1941, le Tribunal correctionnel de Nancy (54) condamne Marceau Rebourg à un mois de prison (peut-être avec son frère).
Le 10 novembre 1941, Marceau Rebourg s’évade du camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux et rentre chez lui.
Le 12 février, il est arrêté par les gendarmes de Foug. Le 12 mars, la Cour d’appel de Nancy de Nancy le condamne à un an de prison. Marceau Rebourg est écroué à la prison de Saint-Mihiel (54), où il ferait de la « propagande communiste ».
Le 7 mai 1942, il est interrogé par les autorités allemandes, alors qui serait libérable le 13 mai.
Le 10 juin, il est transféré de la prison de Saint-Mihiel au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Parmi les futurs “45000”, Marceau Rebourg est un des derniers a être conduit dans ce camp.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Marceau Rebourg est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46039 selon les listes reconstituées (la photo du jeune détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marceau Rebourg.
On ignore la date de sa mort à Auschwitz [2] ; probablement avant la mi-mars 1943. Il a 22 ans.
Son nom est inscrit – parmi les déportés – sur le Monument aux morts de Foug, situé près de la Poste.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-03-1997).
Notes :
[1] Le château du Sablou : il est désaffecté après le transfert des internés de la fin 1940. Après la guerre, devenu propriété de la commune d’Alfortville (Val-de-Marne), il est transformé en centre pour colonies de vacances. Il fonctionne ainsi pendant vingt-cinq ans, jusqu’au début des années quatre-vingt-dix. Aujourd’hui propriété privée, il a vocation de centre d’hébergement et de gîte d’étape pour touristes.
[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant de Marceau Rebourg, c’est 15 août 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 78, 127 et 128, 367 et 418.
Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 117.
Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy : fiches du centre de séjour surveillé d’Écrouves (ordre 927 W) ; recherches de Daniel Dusselier.
Jacky Tronel, Le Journal du Périgord, mars 2006, site.
Site Mémorial GenWeb, relevé de Guy Chaillaud (03-2005).
Jean-Claude et Yves Magrinelli, Antifascisme et parti communiste en Meurthe-et-Moselle, 1920-1945, Jarville, avril 1985, pages 118 et 119 (à propos de Julien Rebourg).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 28-11-2023)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.