- IDENTIFICATION INCERTAINE
- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Paul, Joseph, Girard naît le 30 octobre 1903 à Chassagne-Montrachet (Côte-d’Or – 21), fils de Pierre Girard, 27 ans, vigneron, et de Marie Loth, 22 ans, sans profession.
Au moment de son arrestation, Paul Girard est domicilié au 8, rue du Pont Jeanne-Rose à Montchanin (Saône-et-Loire – 71) ; à Auschwitz, il déclarera comme adresse, Le Renlet, à Saint-Léger-sur-Dheune (71). Il est célibataire.
Il est cheminot, aide ouvrier à la gare de Montchanin.
Le 5 juin 1941, l’Inspecteur principal de Police mobile B. transmet au Commissaire Divisionnaire chef de la 11e brigade de Police mobile à Dijon (Côte-d’Or – 21) une liste de 28 « individus signalés comme militants de l’ex-parti communiste dans le département de Saône et Loire ». Paul Girard figure sur cette liste, ainsi que Pierre Vendroux (46184) et Alphonse Mérot (45875).
Le 15 juillet 1941, Paul Girard est arrêté (probablement par les autorités allemandes). Il est successivement détenu à la prison de Châlon-sur-Saône et à celle de Dijon.
Le 4 août, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Il y est enregistré sous le matricule 1339 (?), avec Charles Renaud, Claude Chassepot, de Montceau-les-Mines, et Alphonse Mérot, de Chalon-sur-Saône, avec lesquels il constitue un groupe de partage des colis (dans une chambrée du bâtiment A5, entre autres).
Le 20 septembre, la direction de la SNCF le licencie pour « menées antinationales ».
Entre fin avril et fin juin 1942, Paul Girard est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
- Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet, Paul Girard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45606, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Paul Girard se déclare alors comme cheminot (Eisenbahner). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Paul Girard
(l’administration française a mentionné Birkenau).
Il meurt à Auschwitz le 21 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique pour cause mensongère de sa mort une « pneumonie » (« Lungenentzündung »).
À une date restant à préciser, le Conseil municipal de Montchanin donne le nom de Paul Girard (homonyme ?) à une rue de la commune.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 406.
État civil de la mairie de Chassagne-Montrachet (21).
Archives départementales de la Côte d’Or : cote 1072 W, article 1.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 348 (23310/1942).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : copie de l’acte de décès du camp.
Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 15-01-2024)
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En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.