- Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.
Rémy RÉMY naît le 12 septembre 1897 à Lens (Pas-de-Calais), fils de Victor Rémy et de Joséphine Lenteben.
Pendant un temps, Rémy Rémy est mineur et habite le Mas-d’Agenais (Lot-et-Garonne), sur la Garonne au Sud-Est de Marmande.
De la classe 1917, il est définitivement exempté de service militaire pour perte du gros orteil droit, « martellement des deux orteils suivants » et atrophie du pied. On peut supposer un accident du travail (à vérifier…).
Il obtient le permis poids-lourds et le permis de transport en commun.
Probablement chauffeur de taxi, il est membre de la Chambre syndicale des cochers chauffeurs du département de la Seine. Au moment de son arrestation, il est déclaré comme terrassier.
Il est présumé communiste.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 44 ou au 64, avenue de Châtillon à Paris 14e, devenue avenue Jean-Moulin.
Sous l’occupation, il distribue des tracts anti-allemands et sert d’agent de liaison (selon le BAVCC).
Le 22 juillet 1941, il est arrêté et interné administrativement comme « détenu communiste » à la caserne désaffectée des Tourelles, boulevard Mortier à Paris 20e, “centre surveillé” dépendant de la préfecture de police de Paris.
Le 5 mai 1942, Rémy Rémy fait partie des 24 internés des Tourelles, pour la plupart anciens Brigadistes, que vient chercher une escorte de Feldgendarmes afin de les conduire à la gare de l’Est prendre un train à destination du camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Rémy Rémy est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46044 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Rémy Rémy.
Il meurt à Auschwitz le 17 août 1942, d’après le registre d’appel et le registre des décès établis par l’administration SS du camp.
Il est homologué comme “Déporté politique”.
Une plaque apposée à son domicile honore sa mémoire (« Aux Résistants morts pour la France »).
Son nom est inscrit sur le monument en forme de tombe érigé dans le cimetière communal de Levallois-Perret par la CGT « en hommage à ses camarades chauffeurs de taxis parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs, pour la liberté, pour la démocratie, pour la France, pour la République » (situé en vis-à-vis de la tombe de la communarde Louise Michel).
- Cimetière de Levallois-Perret.
Monument des chauffeurs de taxis parisiens CGT.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (14-12-1997).
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 372 et 418.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central) – M. Cottard, Revue d’Histoire du 14e, n° 29 de février 1989, p. 71.
Archives départementales du Pas-de-Calais, site internet, archives en ligne, registre matricule du recrutement militaire pour l’année 1917, bureau de Béthune, numéros 3501-4000 (cote 1 R 8333), matricule 4364 (vue 669/928).
Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA ? (…).
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre d’appel avec la liste des détenus décédés (« Verstorbene Häftlinge).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1002 (21327/1942).
Site Mémorial GenWeb, 92-Levallois-Perret, relevé d’Émilie Pessy et de J.C., élèves de 3e5 (04-2003).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 1-04-2014)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.