- IDENTIFICATION INCERTAINE…
- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.
Robert Houvin naît le 17 avril 1904 à Paris 18e, chez ses parents, Marcellin Houvin, 37 ans, serrurier, et Henriette Geiger, 36 ans, son épouse, domiciliés au 2, impasse du Ruisseau. Les témoins pour la présentation du nouveau-né à l’état civil sont Adrien Geiger, 69 ans, retraité, et, Henriette Geiger, 33 ans, professeur de violon, habitant tous les deux au 135, rue Ordener. Dès août 1904, Marcellin Houvin, son père, déclarera habiter au 196, rue Championnet, puis, en octobre 1905 au 11, cité de la Moscowa.
Robert Houvin est employé de commerce (livreur). Célibataire, il n’a pas d’enfant.
En 1938, il habite au 15, rue de Belleville.
Sous l’occupation, il est au chômage.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 12, rue Lesage à Paris 20e, immeuble dans lequel se trouve la société coopérative La Bellevilloise. Mais peut-être est-ce l’adresse de son lieu de travail et l’endroit où il a été arrêté, une source mentionnant le 31, rue de Belleville dans le 19e arrondissement.
Sous l’occupation, la police française le considère comme un « meneur communiste particulièrement actif ».
Le 23 novembre 1940, Roger Houvin est arrêté rue Rampal par des gardiens de la paix du commissariat du quartier Combat en flagrant délit de collage d’affichettes « communistes ». Après une perquisition à son domicile qui amène la découverte d’exemplaires de L’Humanité, de La Voix de Paris et d’un portrait de Staline, il est conduit au dépôt de la préfecture de police. Le lendemain, inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939, il est écroué à la Maison d’arrêt de Santé (Paris 14e).
Le 25 novembre, il comparaît – seul – devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine qui le condamne à six mois d’emprisonnement. Le 7 décembre, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes (Seine / Val-de-Marne).
À une date restant à préciser, il est transféré à la Maison centrale de Poissy (à vérifier…).
À l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré : le 18 mai 1941, le préfet de police de Paris signe un arrêté ordonnant son internement administratif. Il est demandé qu’il soit transféré au centre d’Aincourt.
À une date restant à préciser, Robert Houvin est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt. Robert Houvin y est aussitôt transféré, « par les soins du préfet de Seine-et-Oise ».
Le 6 septembre 1941, il fait partie des 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français de (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.
Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Robert Houvin est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
- Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Robert Houvin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45669, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation correspondant à ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).
Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).
Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Robert Houvin se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Robert Houvin.Il meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).
Après la guerre, une plaque commémorative est apposée sur l’immeuble où il habitait, au 31, rue de Belleville. Déposée au moment de la rénovation du quartier, elle n’a pas été remise en place.
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 408.
Claudine Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale).
Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 18e arrondissement, année 1904 (18N 315), acte n° 1812 (vue 10/31).
Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 2 décembre 1940 au 25 février 1941 (D1u6-5852).
Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; registre de main-courante du commissariat du quartier Combat.
Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 101.
Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
1940-1945, La Résistance dans le 19e arrondissement de Paris, ANACR, éditions Le temps des cerises, Pantin septembre 2005, page 168.
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 476 (38795/1942).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 6-02-2024)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.