- Suzanne COSTENTIN, née Boineau – 31765
Institutrice à Rouen
Suzanne est née le 13 mai 1893 dans les Deux-Sèvres.
Elle est institutrice, et épouse en 1927 un collègue, Émile Costentin, qu’elle a rencontré l’année précédente au cours d’un voyage en Union soviétique : tous deux font partie d’une délégation du syndicat C.G.T.U.
Émile Costentin meurt en 1937 des suites d’une maladie contractée pendant la guerre de 1914-1918.
Suzanne, institutrice à Rouen, y mène une vie très active, notamment elle assure la fonction de secrétaire de la Maison de la culture où elle crée un atelier de travaux sur cuir, sur étain. De plus, elle aime les livres et possède une belle bibliothèque.
La Maison de la culture est fermée en 1939.
La Résistance en lien avec l’affaire « Pican-Cadras »
Suzanne participe à la Résistance dans les rangs du Front national.
Au début de 1942, une vague d’arrestations éclaircit soudain les rangs du Front national dans la Seine-Inférieure ; ses amis lui disent de se cacher.
Mais elle est arrêtée le 9 février 1942 au soir alors qu’elle rentre chez elle après avoir rendu visite à son ancien professeur à l’école normale, à qui elle vient de communiquer un long tract, où était relatée la fin des martyrs de Châteaubriant.
Trois agents de la Gestapo l’emmènent au Palais de justice. Pendant le trajet en voiture, Suzanne s’applique à déchirer la lettre en tous petits morceaux mais les Allemands réussissent à reconstituer le texte, preuve de son engagement.
Elle reste au Palais de justice de Rouen jusqu’en novembre 1942, puis elle est envoyée à Romainville où elle retrouve ses camarades de la Seine-Inférieure : Germaine Pican, Suzanne Roze, Alida Delasalle, Madeleine Dissoubray, la petite Guérin.
Elle est morte à Birkenau au début de mars 1943.
Charlotte Delbo écrira : « Elle avait été tellement battue que son corps n’était qu’ecchymoses. Gelés, ses doigts et ses orteils étaient attaqués par la gangrène et elle ne pouvait plus se hisser sur le carré où elle couchait sans l’aide de ses compagnes : ses doigts s’arrachaient au rebord où il fallait s’agripper, le bout des phalanges était à vif. Elle a agonisé toute une nuit et le lendemain, après l’appel, est entrée au Revier où elle est tombée morte presque aussitôt après avoir franchi le seuil. »
Comme elle avait mentionné sa femme de ménage comme correspondante, celle-ci est convoquée au commissariat de police de Rouen en septembre 1943 pour lui faire part de l’avis de décès : « Suzanne Costentin décédée le 31 mars 1943 à 6 h 30 du matin. »
Sources :
Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 74-76.